Le constat : des pédagogies alternatives créées pour pallier aux carences d’un modèle officiel qui peine à muter…

Attention, école !Les critiques du système éducatif français sont, comme chacun sait, nombreuses. Elles sont malheureusement plus négatives que positives…

Le modèle éducatif français est souvent remis en question lors d’enquêtes (PISA par exemple) ou statistiques (taux de réussite, nombre de redoublants…) mais surtout au regard des valeurs transmises à une époque où tout change à une vitesse vertigineuse et où le maître mot en matière d’éducation s’apparente plus à une notion proche de l’éthique, de la moralité ou du partage que des taux de réussite et des niveaux d’examen atteints…

Donc au-delà des statistiques et de ces évaluations purement intellectuelles qui, du reste et d’année en années, ne s’améliorent pas pour les plus défavorisés en France, n’y a-t-il pas d’abord et avant tout des problèmes de valeurs transmises ? Nos élèves et étudiants manifestent-ils de la joie d’aller en cours, sont-ils au moins épanouis, heureux d’apprendre, acteur de leur propre développement en classe ? Quel est leur degré d’intelligence sociale dans leurs liens avec autrui ?

Notre système serait-il, en matière de pédagogie et indépendamment des impératifs budgétaires (classes trop surchargées par manque de moyens…), trop rigide et très axé sur des « têtes bien pleines plutôt que des têtes bien faites » comme nous disait Montaigne ?

André Stern, musicien, compositeur, luthier, conférencier, journaliste et auteur qui n’est jamais allé à l’école (il raconte « l’histoire d’une éducation heureuse » dans son livre « Et je ne suis jamais allé à l’école« ), prône lui, une éducation positive pour qu’un enfant garde son enthousiasme tout au long de vie :

Ainsi, avec ou sans école (car il en faut pour tous les goûts !), d’autres voies parallèles et efficaces existent en dehors ou même dans le système officiel (France ou à l’étranger). Leur mise en pratique aujourd’hui et à une plus grande échelle nécessitent quelques aménagements (ou changements de mentalité) : classes non surchargées (comparons ce qui comparable)…

Effectivement, notre institution publique a ses limites notamment budgétaires dans le cas des classes à 35 ou 40 élèves… Elle a aussi, intrinsèquement, beaucoup de mal à s’adapter à des apprenants qui ne sont plus du tout les mêmes que ceux qui arpentaient les bancs des écoles il y a quelques décennies.

Un rapport de l’UNESCO (publié en été 2015) parle de « repenser l’éducation comme un bien commun mondial« . Il montre que les « systèmes d’éducation formelle ont évolué lentement et demeurent étonnamment semblables à ce qu’ils étaient au cours des deux derniers siècles« .

Les sources du savoir, les modes d’apprentissage et l’échange des connaissances ont effectivement bien changé depuis… L’éducation doit, d’après ces auteurs et de l’avis des précurseurs de toutes ces méthodes éducatives alternatives « enseigner comment vivre sur une planète sous pression. Elle doit viser l’alphabétisation culturelle, sur la base du respect et d’une dignité égale pour tous, et contribuer à tisser ensemble les dimensions sociales, économique et environnementale du développement durable« .  

1. Quelques heureux exemples de pédagogies alternatives dans le secteur public ou privé sous contrat :

Ainsi les dimensions morales et éthiques sont toujours privilégiées dans tous les modèles alternatifs présentés dans ce site. Le secteur public essaie de faire de même, à son rythme et malgré tout, mais privilégie pour l’heure d’accompagner ces mutations au moins à travers une meilleure adaptation aux technologies actuelles et une relation plus horizontale entre apprenants et enseignants.

On recenserait ainsi plus de 5000 initiatives de proviseurs en collège ou en primaire dans le secteur public ou privé sous contrat en France et ailleurs qui veulent « casser le moule », se rapprocher de ce que proposent avec succès ces écoles alternatives.

Il existe une structure nommée F.E.S.P.I. (Fédération des établissements scolaires publics innovants) qui regroupe une quinzaine d’établissements qui, en France, ont pour projet de trouver des modes éducatifs alternatifs.

1er exemple : collège qui intègre le travail en groupe et le numérique en cours (reportage sur France 2 en janvier 2017).

Caractéristiques dans ce collège :

    • réorganisation des tables et apparition de poufs pour favoriser un travail en groupe détendu,
    • travail avec des tablettes numériques et/ou le smartphone de chaque élève,
    • disparition du tableau noir mais d’un tableau interactif,
    • développement de l’accompagnement sans présentation frontale,
    • réapparition du plaisir d’apprendre, de transmettre, de comprendre…
    • Et sans besoins de financement supplémentaires ou exceptionnels !
2° exemple d’expériences alternatives dans des écoles primaires publiques en France :

Trois expériences ont été retranscrites dans un film intitulé « École en vie«  réalisé par Mathile Syre dont voici la banda annonce :

Résumé des trois classes en question :

  • Classe unique à Héry sur Ugine (Savoie) en région Auvergne-Rhône-Alpes où Agnès l’institutrice s’est inspirée de la méthode Freinet pour adapter enseignement, envie et capacité de chaque enfant mais désire donner encore plus de liberté à chaque apprenant,

Autre expérience dans une école primaire publique (à Gavaudun dans le Lot-et-Garonne) adopte la pédagogie Montessori sous l’impulsion de la maire du village pour sauver une école menacée de fermeture. En effet, cette méthode connue et reconnue (pour une plus grande autonomie, créativité, et envie d’apprendre de la part des élèves) a permis de convaincre des familles de vivre sur place (la formation des enseignants a été payée par la commune) :

3° exemple avec la pratique du massage dans des écoles primaires :

De plus en plus de classes (secteur public ou privé sous contrat en France ou à l’étranger : plus de 1300 écoles notamment en Belgique, Suède ou Canada) intègrent les bienfaits du massage (d’enfants à enfants seulement !) pour enlever leur stress :

4° exemple avec la pratique de la relaxation ou de la méditation en collège pour remplacer les sempiternelles punitions :

Source : Holistic Life Foundation

Quelques écoles aux USA et très récemment un collège en France (collège Charles-de-Gaulle de Jeumont, académie de Lille) ont décidé de remplacer les colles contre de la méditation ! But recherché : « amener du positif dans cette heure normalement dévolue à la sanction. » Les enseignants ont remarqué que « des élèves réfractaires à tout (l’apprentissage, l’autorité) se révélaient plutôt réceptifs. Certains se montrent plus apaisés, soulagés. Et à part une jeune fille qui avait du mal à lâcher prise, tous les élèves se prennent au jeu. Quant au cours, il se passe bien mieux. Les élèves sont plus attentifs ».

Source : Holistic Life Foundation Même constat à Baltimore mais il s’agit plus ici de « séances de méditation de 20 minutes qui ne sont pas réservées qu’aux enfants agités qui ont fait des bêtises. Elles sont également destinées à ceux qui souffrent d’anxiété, de maux de tête, de douleurs d’estomac ou, plus généralement, de stress« . « Et apparemment, ça marche : depuis son partenariat avec la Holistic Life Foundation, l’école Robert W.Coleman n’a pas eu à renvoyer le moindre élève. Le calme est revenu ! ».

Le psychiatre Christophe André, aux micros de Radio France,  parle des bienfaits de la méditation pour chacun d’entre nous : « elle va bien au-delà d’un simple outil pédagogique, c’est un outil d’amélioration de notre fonctionnement d’être humain« .

D’après cette dernière vidéo, 3000 élèves auraient déjà début 2017 pratiqué la méditation en classe en France (public et privé) et beaucoup de pays envisagent sa mise en place (pas la France et c’est bien dommage !) :

 5° exemple dans des collèges ou lycées publics expérimentaux français :

Listés par le F.E.S.P.I. (Fédération des établissements scolaires publics innovants) qui regroupe au total une quinzaine d’établissements, ces expérimentations sont principalement destinées à lutter contre l’échec scolaire et à mettre en œuvre de nouvelles pédagogies. Elles ont été inspirées au départ par un lycée d’Oslo (Norvège) et mis en place dès 1982. Elles proposent grâce à un statut dérogatoire :

  • une participation active des élèves et de chacun de ses membres dans son fonctionnement et dans la prise des décisions,
  • une pédagogie différenciée accompagnée d’un grand espace de liberté pour les apprenants (assister aux cours n’est plus obligatoire) afin qu’ils se stabilisent, trouvent petit à petit leur voie et fassent leur choix eux-même à travers un large éventail d’activités où chacun pourra développer ses talents et compétences et s’épanouir.

Collèges ou lycées créés dans cette mouvance et encore actifs aujourd’hui (voir le site de la F.E.S.P.I. pour une liste exhaustive) : lycée expérimental de Saint-Nazaire, lycée auto-géré de Paris, collège lycée expérimental (C.L.E.) d’Hérouville-Saint-Clair

6° exemple dans une école publique américaine où l’institutrice fait chanter ses élèves tous les matins pour leur redonner joie de vivre, entrain, bonheur en classe :

Face à toutes ces mutations et interrogations, le but de ce site est multiple :

  • faire une sorte d’inventaire des pédagogies alternatives existantes, aussi bien nationales qu’internationales : elles sont nombreuses, variées et efficaces mais souvent financièrement chères lorsqu’elles ne sont pas reconnues par l’État car tous les frais sont répercutés aux parents : salaire de l’enseignant, des personnels de direction, frais de l’école (loyer, chauffage…) et d’apprentissage même s’il s’agit de faire l’école à la maison…
  • présenter les valeurs sous-jacentes à ces initiatives qui ont montré leur efficacité en termes d’épanouissement de l’enfant et d’apprentissage,
  • détailler une ou plusieurs expériences de création d’une école alternative dans notre région (Puy-De-Dôme en Auvergne) dans ses dimensions pédagogique et organisationnelle.
7° Mise en place de l’effet Pygmalion :

C’est une enseignante de CP d’une école située dans le Puy-De-Dôme, Isabelle, qui nous a gentiment relaté (par écrit, vidéo à voir sur son site, non encore mis en place) son expérience consacrée à expérimenter l’effet Pygmalion (« Tu es ce que je pense de toi. ») ou comment développer la bienveillance en éducation et contribuer à une éducation positive en classe !

L’effet Pygmalion est aussi appelé prophétie autoréalisatrice. Cet effet démontre comment la croyance positive d’une autorité va influencer le comportement et les résultats d’un sujet de manière positive.

Mais concrètement comment retranscrire cet effet dans le domaine de l’éducation ? C’est très simple car si un enseignant croit au potentiel de ses élèves, son comportement et son attitude permettront aux élèves de croire en leur potentiel et ainsi de le développer.

Notre monde change et les élèves aussi. Aujourd’hui, instruire ne suffit plus, les enseignants ne doivent plus seulement partager de simples connaissances mais aussi éduquer c’est-à-dire permettre aux jeunes de développer leurs capacités et qualités afin qu’ils puissent révéler leur Soi tout en apprenant à vivre avec les autres. Au fil des ans, les enfants expriment de plus en plus leur individualité. Très jeunes, ils savent déjà affirmer avec force leurs désirs, ils savent ce qu’ils veulent. Et les enseignants sont souvent interpelés et bousculés dans leurs pratiques. Les élèves les poussent à s’adapter et à rechercher des pédagogies et des fonctionnements de classes plus innovants.

Isabelle souligne en fin de vidéo un autre élément important de l’effet Pygmalion que nous pourrions résumer en une phrase « Je suis ce que je crois être ». Pour développer la capacité de ses élèves, il faut également croire en sa capacité à atteindre cet objectif en faisant confiance en ses ressources personnelles. Si nous nous limitons dans nos croyances, nous limiterons également la capacité de nos apprenants à se développer, c’est l’effet Golem.  Il est donc important de garder une attitude ouverte et bienveillante avec soi-même afin de garder cette attitude envers les autres.

Explication simple et en vidéo de cet effet Pygmalion :

2. Une autre vision de l’apprentissage : l’école à la maison (« homeschooling ») !

Sommes nous obligés de scolariser nos enfants à l’école aujourd’hui ? Est-ce que l’apprentissage est l’apanage de l’école publique ou privée (avec ou sans contrat) ?

Non, pas en France (seule l’instruction est obligatoire mais reste bien encadrée comme beaucoup de choses dans notre beau pays…) mais ce n’est pas le cas en Allemagne où le passage en établissement scolaire est impératif.

N’est-il donc pas plus efficace, formateur ou naturel de laisser une plus grande liberté aux enfants de découvrir le monde, leur monde à leur rythme et sans aucune obligation ?

C’est ce qu’explique ce film « Être et de venir » de Clara Bellar (2013) qui prône, à travers la découverte de nombreux exemples dans quelques pays, une instruction en famille (I.E.F.) c’est à dire un apprentissage plus autonome, informel, auto-géré et libre de laisser jaillir, en chaque enfant, ce désir inné d’apprendre.

Voici la bande annonce :

Les parents expliquent dans le film qu’ils ont simplement « à aider leurs enfants à avoir confiance en eux au point de vouloir apprendre… » même s’il nous est souvent nécessaire d’élargir notre champ de vision pour exposer nos enfants à de nombreux domaines.

Il souvent indiqué pêle-mêle pour une bonne réussite de cet apprentissage sans école :

  • d’abandonner l’idée selon laquelle ce sera les parents qui remplaceront l’instituteur, l’apprentissage se faisant tout au long des activités, naturellement, tout le temps !
  • de passer du temps avec eux pour aiguiser naturellement leur curiosité, leur questionnement à travers un dialogue fréquent et rapproché,
  • de partager ce que l’on vit avec eux sans rien imposer, les parents ne « sacrifiant » pas leur vie pour s’occuper de leur enfants….
  • d’être à leur écoute pour se rendre compte de leur cursus évolutif, du chemin choisi,
  • d’accepter que leurs rêveries sont autant d’étapes importantes et nécessaires dans ce processus d’apprentissage en attendant que cela murissent, que le moment vienne (apprentissage acquis),
  • de laisser aller leur imagination, leur créativité notamment dans les jeux qu’ils inventent ou leur volonté de connaître la lecture ou l’écriture par exemple : les parents montrent mais n’apprennent pas !
  • de les laisser être eux-mêmes pour que leur force intérieure grandisse naturellement,
  • de les laisser être, de temps en temps, un professeur pour nous parents car les enfants sont des géants si on les laissent prendre le temps de croire en eux,
  • d’avoir confiance en cette liberté qu’ils auront car, loin d’être assimilée à une sorte de chaos, elle va permettre de structurer l’enfant,
  • de leur apprendre cependant les limites de leur propre liberté car, dans le cadre de la recherche de leur authenticité, de leur « auto-réalisation », il existe de nombreux interdits liés aux valeurs morales à transmettre (respect des codes de conduite à mener dans les rapports avec autrui),
  • de leur enseigner à argumenter, raisonner (dialectique) en examinant de près les tenants et les aboutissants dans chaque situation pour qu’ils découvrent et approfondissent « leur vérité »,
  • d’être persuadé que l’apprentissage est un phénomène spontané, naturel (que les parents ne maîtrisent forcément pas !) comme de savoir marcher, parler… Il suffit de vivre, tout simplement !
  • de veiller à la présence de 3 ingrédients essentiels pour l’enfant : amour, confiance, liberté !