3.1. La pédagogie Montessori ou « l’éducation comme une aide à la vie »

Maria Montessori
Maria Montessori (1870-1952)

Comme l’exprimait Maria Montessori elle-même…

« la contribution la plus positive à la paix sociale réside dans l’éducation de l’enfant »

« l’enfant n’est pas un vase que l’on remplit mais une source qui jaillit »

« Aide moi à faire seul » …

… l’éducation reste une des clés essentielles à l’épanouissement de tout individu.

 

1. Maria Montessori en quelques mots :

Médecin et pédagogue italienne, licenciée en philosophie et sciences naturelles, Maria Montessori est une femme atypique qui s’est engagée socialement tant en ce qui concerne les droits des femmes, que la défense des plus démunis ou l’aide aux enfants déficients mentaux.

C’est justement dans le domaine des maladies mentales des enfants qu’elle décide de s’occuper à partir de la fin du 19° siècle. Elle entrepris, avec beaucoup d’autres éminents médecins, des recherches psychopathologiques et s’intéressa vivement aux travaux de deux chercheurs médecins et éducateurs français Jean-Marc Gaspard Itard et Édouard Seguin  qui ont mis au point une nouvelle approche de la maladie mentale par des méthodes éducatives spéciales.

Elle comprit petit à petit la primauté de la prise en charge de l’enfant et le rôle prépondérant de son activité. Ainsi, elle déclara en 1898 en rendant compte de son expérience que :

« Les enfants déficients ne sont pas des hors-la-loi, ils ont des droits. Ils ont droit à tous les bienfaits de l’instruction. Nous devons permettre à ces malheureux de se réintégrer dans la société, de conquérir leur place et leur indépendance dans un monde civilisé retrouvant ainsi leur dignité d’être humain. »

Elle obtint la direction de l’école orthophrénique de Rome et des résultats remarquables sur des enfants déficients sensoriels en utilisant le matériel mis au point par ses deux collègues français, M. Itard et Seguin. Cette réussite va lui permettre d’être reconnue et on va rapidement lui confier de s’occuper d’enfants des rues non scolarisés et très défavorisés à Rome. Elle inaugure dès 1907 la première « Casa dei Bambini« .

Maria Montessori va se passionner pour ces « Maisons des Enfants », qui ne sont en fait que de véritables laboratoires de recherche pédagogique où elle fera découvertes sur découvertes (comment l’enfant doit découvrir son « chemin social », les différentes « périodes sensibles » qui le mène à s’humaniser…) pour aboutir bien des années plus tard à ce que l’on appelle aujourd’hui la pédagogie MONTESSORI.

Éduquer pour cette chercheuse doit être entendu dans un sens bien plus large que ce qui existait à l’époque c’est à dire il y a presque un siècle… En effet, l’auteure veut aller bien plus loin que le simple apprentissage didactique en posant les bases du développement du potentiel de tout être humain pour l’édification d’un monde meilleur où l’enfant, donc l’homme, sera reconnu dans son « unité physique et psychique ».

C’est ainsi qu’elle fonde dès 1937 le « Parti social de l’Enfant » car elle est persuadée que réformer l’éducation reste une mission essentielle pour apporter, dans les temps très troublés de l’époque, plus d’harmonie, d’amour et de paix dans un monde nouveau qui est à construire.

Il existe aujourd’hui dans d’innombrables pays à travers le globe quelques 22 000 écoles qui pratiquent la pédagogie initiée par Maria Montessori.

Quelques-uns de ses nombreux ouvrages (en français) ICI.

2. La pédagogie Montessori :

Voici la bande annonce du film « Le Maître est l’enfant » sorti en septembre 2017 qui raconte l’immersion pendant deux ans et demi d’un réalisateur, Alexandre Mourot. Il s’est immergé dans une classe à l’école Montessori de Jeanne d’Arc, la plus ancienne de France (à Roubaix). Passant inaperçu, il nous fait découvrir tous ces moments magiques qui montrent tous les atouts de cette formidable pédagogie :

C’est en fait une démarche entièrement scientifique qui a été élaborée en tenant compte des recherches les plus avancées de l’époque notamment en ce qui concerne le développement psychologique, social et physiologique de l’enfant.

L’éducateur ou plutôt le « facilitateur » qui guide l’apprenant doit être imprégné de la quintessence de ces méthodes didactiques. Ainsi, connaître ou savoir manipuler le matériel dédié ne peut suffire, il faudra bien davantage comme l’exprimait Maria Montessori elle-même :

« Pour résoudre complètement le problème de l’éducation, le premier pas ne doit pas être fait vers l’enfant, mais vers l’adulte éducateur. Il convient d’éclairer sa conscience, de le dépouiller de beaucoup d’idées préconçues, de le rendre humble et passif, enfin, de changer ses attitudes morales. Après quoi, il doit préparer pour l’enfant une ambiance adaptée à sa vie et dépourvue d’obstacles. »

2.1. Préceptes de base de la méthode Montessori :

Pour aider au développement d’un être humain à la fois dans ses dimensions physique, sociale et spirituelle (laïque), cette méthode préconise de mettre l’accent sur un environnement propice, approprié à laisser l’apprenant être le propre guide de son apprentissage qu’il s’agisse de sa liberté de mouvement, du choix de ses activités pour qu’il devienne petit à petit autonome et responsable.

Maria Montessori l’exprimait elle-même ainsi :

« Se substituer à l’enfant dans l’accomplissement de ses actions formatrices, avec la louable intention de l’aider, n’est pas ce dont il a besoin. Cette substitution, au lieu d’être une aide, est au contraire une entrave au développement de l’enfant. On doit lui permettre d’agir librement, de sa propre initiative, dans un environnement qui a été prévu pour répondre à ses besoins. Nous devons cependant être très nets sur le sens de cette liberté. Liberté ne veut pas dire être libre de faire tout ce qu’on veut : cela signifie plutôt être capable de satisfaire ses besoins vitaux sans dépendre de l’aide directe d’autrui. »

Ou ainsi, en parlant de la relation entre l’éducateur et l’apprenant et des qualités créatrices qui ne faut surtout pas inhiber :

« Nous aiderons l’enfant, non pas parce que nous le considérons comme un être petit et faible, mais parce que ses énergies créatrices réclament une défense amoureuse et intelligente pour rester entières, sans être blessées. C’est à ces énergies que nous voulons porter aide, et non à l’enfant parce qu’il est petit, ni à sa faiblesse. »

Comment bien préparer cet environnement propice à l’épanouissement de l’enfant ?

En fait, cet « entourage » proche est complexe car il comporte à la fois :

  • la présence des autres enfants,
  • l’éducateur ou plutôt le « facilitateur »,
  • « l’ambiance » qui se créera et qui sera susceptible ou non d’aider ces « énergies » à se développer, croître et se démultiplier.
  • et le matériel pédagogique spécifique développé, créé pour permettre un apprentissage par étape tant au niveau physique que psychologique (manière dont nous construisons notre personnalité, nous faisons face aux événements) et bien entendu en totale autonomie.

C’est une symbiose particulière et spécifique qui doit naître pour permettre l’essor des qualités intrinsèques et naturelles de l’enfant dans sa découverte de l’apprentissage. Car celui-ci a la capacité de se connecter naturellement à tout ce qui se passe autour de lui pour construire sa personnalité. Plus ces échanges se feront avec enthousiasme et plus ils seront fructueux et efficaces. Cependant, il est indispensable d’adapter l’environnement à sa vitalité, à son envie du moment, à ses capacités ou à sa volonté. Le matériel est donc une « aide indirecte » mis à sa disposition pour l’inciter à s’auto-former à travers moult activités qu’il réalise en totale autonomie.

Le principal moteur éducatif de chaque enfant sera sa motivation, son intérêt à répondre aux stimuli provoqué par le matériel éducatif. Il pourra l’utiliser autant de temps qu’il le souhaite pour satisfaire sa curiosité, son intérêt, à son rythme. Les possibilités d’auto-correction offertes par ce support permettront le développement progressif de son intelligence et de sa concentration. L’intervention d’un facilitateur devra être très bien dosée afin de créer un profond climat positif où règnent : confiance, détente, joie, amour et liberté.

Afin de faciliter encore cette ouverture chez l’enfant, Maria Montessori préconise de séparer les enfants en différentes classes d’âge  (0 à 3 ans, 3-6 ans – 6-9 ans – 9-12 ans) car les étapes franchies pendant ces périodes ne sont pas les mêmes. Chaque groupe est amené ainsi à apprendre l’entraide, la cohabitation, le respect… autant de qualités et règles de vie indispensables à une bonne intelligence sociale, à une vie ensemble dans la paix et l’harmonie.

Plus l’enfant est âgé et plus le travail en groupe est présent même s’il est toujours mélangé avec des temps d’activité en totale autonomie. Temps journalier consacré aux apprentissages : 2 H 1/2 à 3 H par demi-journée.

2.2. Rôle de l’éducateur dans cette pédagogie ?

L’éducateur ou le « facilitateur » n’enseigne rien : il aide et accompagne les enfants dans leur processus d’apprentissage en leur fournissant cet environnement propice à leurs découvertes. Car l’objectif reste avant tout pour l’apprenant de conquérir, trouver son indépendance, son équilibre.

Mais il ne reste pas les doigts croisés… Il est responsable de l’ambiance qui règne au sein de la « classe » tout en s’effaçant face aux individualités et aux groupes créés pour laisser libre cours à la créativité, l’esprit d’initiative… Attentif, à l’écoute, il doit juste jouer le rôle d’interface entre l’enfant et son matériel pédagogique, apporter son aide, répondre aux questions et difficultés ressenties par chacun ou par le groupe, étant disponible sans émettre de jugement et en respectant le rythme d’apprentissage des apprenants, en stimulant leu r éveil et leur besoin naturel de perfection.

Quelques précisions concrètes sur l’attitude de l’éducateur selon Maria Montessori :

  • Ne pas toucher l’enfant (sauf s’il le demande), ne pas dire du mal de lui,
  • Mobiliser tous ses efforts à préparer l’ambiance nécessaire du groupe (relations entre enfants…),
  • Expliquer comment se servir du matériel et ou il est rangé,
  • Se rendre disponible pour un enfant qui cherche une activité, a besoin d’assistance,
  • Laisser l’apprenant corriger ses erreurs lui-même sauf s’il y a danger ou s’il y a un mauvais usage du matériel (être ferme et dissuasif à ce propos),
  • Laisser la liberté d’action à un enfant de dérouler son activité, se détendre, regarder les autres…
  • Représenter avec bienveillance, politesse et amour des activités à des enfants qui n’en ont pas encore voulues pour les aider à progresser.

2.3. Rôle du matériel pédagogique dans le Développement des activités :

Activité motrice :

Elle est assurée par la qualité du matériel pédagogique conseillé qui est mis à la disposition des enfants. Il permet de multiples activités et ont été mis au point et choisis pour favoriser leur manipulation, la curiosité, l’intérêt de l’enfant en totale autonomie.

Activité sensorielle :

C’est autour de 3 à 6 ans que l’enfant voudra naturellement stimuler la perception des couleurs, sons, formes, goûts… Les outils proposés permettent cette identification. Au-delà de cet âge, l’apprenant désirera plus développer son psychisme en raisonnant et en réalisant des activités plus intellectuelles.

Activité d’abstraction :

L’enfant apprendra en procédant par tâtonnement comme le ferait tout scientifique. Son apprentissage se décomposera en une succession d’essais concrets, autant qu’il est nécessaire pour comprendre et mémoriser. La découverte par soi-même n’a pas d’équivalent pour assimiler des connaissances.

Activité de contrôle de l’erreur : 

Le matériel pédagogique proposé offre des marges d’erreurs susceptibles de participer à l’apprentissage car on apprend autant de ses tâtonnements, erreurs et hésitations. Ce contrôle de l’erreur a été pris en compte comme faisant partie intégrante du processus.