3.6. Pédagogie Steiner-Waldorf :

Steiner um 1905.jpgRudolf Steiner (1861–1925) est très connu pour ses travaux sur l’anthroposophie qu’il qualifie lui-même de « chemin de connaissances philosophiques » et où la dimension spirituelle (laïque) a une place prépondérante, ce qui, de nos jours a toujours tendance a faire un peu peur…

Il en a pris les principes de base pour fonder les écoles Steiner et Waldorf qui comptent aujourd’hui dans le monde quelques 250 000 élèves dans 1 000 écoles (la première créée en 1919) et plus de 2 000 jardins d’enfants. En France, ce sont quelque 2 500 élèves qui sont scolarisés dans 22 écoles.

Cette pédagogie soutient les principes fondateurs de « l’école Nouvelle » comme bien d’autres : Montessori, Freinet…

En tout premier lieu, il distingue trois stades importants de l’évolution de l’enfant qui se distinguent par cycle de sept ans (enseignements qui vont bien au-delà du primaire : de la maternelle au lycée) :

  • de la naissance à l’âge de 7 ans pour l’adaptation à l’environnement : contenu éducatif minimal,
  • de 7 à 14 ans pour le développement de l’imagination et du rêve et des connaissances de base,
  • puis à partir de 14 ans pour une intégration harmonieuse dans l’apprentissage de de chaque apprenant en tant qu’être humain mais aussi en tant qu’entité spirituelle.

Les grands principes de cette pédagogie  sont :

  • respecter une grande liberté pour l’enfant dans son apprentissage afin de développer chez lui des qualités telles que la confiance, l’amour de soi-même et de son prochain, la confiance, l’enthousiasme plutôt que l’ambition, la compétition, la peur de l’avenir…
  • un travail en commun entre éducateurs (et non enseignants) et parents (en autonomie financière comme beaucoup d’autres écoles privées) dans une atmosphère familiale pour mettre en œuvre un programme centré sur l’enfant et son épanouissement,
  • absence du système de notation (sauf dans le secondaire) et de redoublement et d’une direction collégiale (pas un seul directeur),
  • favoriser le développement d’une certaine sérénité et d’une force de caractère indispensables à la réussite de leurs projets (« voie originale ») dans un monde changeant,
  • des cycles d’enseignement diversifiés avec en primaire les jardins d’enfants qui offrent la possibilité de vivre des expériences multiples à travers jeux, contes, rondes, couleurs, sons… avant d’engager l’apprentissage purement scolaire (pas de notes en primaire),
  • l’art tient une place prépondérante dans l’enseignement tout comme la pratique, en sus des matières conventionnelles, de matières moins classiques comme l’eurythmie, la calligraphie, le travail de bois, le jardinage biodynamique, le cirque…
Approche profondément spirituelle :

En plus d’être axée sur la découverte de l’artiste qui sommeille en nous avec une liste impressionnante d’activités diverses et variées, cette pédagogie fait aussi la part belle à la nature profonde de l’individu qui reste, d’après l’auteur, profondément spirituelle.

Beaucoup de pédagogies alternatives décrites dans ce site ont effectivement choisi le même processus de découverte de notre essence mais sans forcément la nommer. Pour Rudolf Steiner, nous sommes des êtres à la recherche d’amour, de compassion, de joie, d’enthousiasme, de liberté, de paix… En ce sens, nous sommes essentiellement « divin ».

Ainsi les activités engagées au sein des classes et avec les éducateurs sont autant de recherches qu’on peut qualifier comme étant spirituelles (et laïques) en tendant à l’amélioration du caractère de l’élève (mais aussi de son éducateur…). Il s’agit de « l’élever » dans la société, de modifier son regard par rapport à lui-même afin qu’il définisse et découvre toutes les facettes du bonheur et acquiert du même coup les bases de sa propre transformation : devenir meilleur, plus sage, plus éveillé, plus conscient de sa propre nature et bien plus libre dans une société où il s’épanouira et trouvera sa place.

Cependant, en Allemagne où les écoles Steiner et Waldorf sont très répandues et constituent une alternative aux écoles publiques, le débat sur cette pédagogie reste souvent vif car l’anthroposophie a beaucoup de détracteurs. Il existe, d’après eux, des risques d’endoctrinement si on essaie de « tirer des règles absolues, strictes et définitives, des préceptes de l’enseignement de Steiner » comme le déclare une enseignante interviewée sur cette question.

Cependant, beaucoup de recherches et d’enquêtes sur le terrain ont permis de constater de visu :

  • l’épanouissement des enfants dans une approche pluridisciplinaire qui combine arts, travaux manuels, activités dans la nature, auprès d’animaux…
  • d’excellents taux de réussite aux examens comme le baccalauréat,
  • et, en France, l’absurdité des attaques non fondées (rapport parlementaires « Les sectes et l’argent » de juin 1999 où ces écoles et l’anthroposophie étaient cités) envers cette pédagogie par des détracteurs qui, après enquête, ont été complètement déboutés et les écoles Steiner blanchies de toute dérive sectaire.
Atouts de la pédagogie intuitive :

Plus récemment (années 2010) les écoles Steiner et Waldorf ont désiré s’intégrer au mouvement de la pédagogie dite « intuitive » qui correspond à l’association d’un enseignement porté à la fois par de l’imagination et de l’intelligence : il s’agit avant tout de penser par soi-même même si on doit tenir compte des savoirs acquis pour libérer créativité et spontanéité dans les activités (notamment artistiques). On peut idéalement la mettre en œuvre dans le cadre d’enseignement de la musique, de l’improvisation, du mouvement… La classe ne contient plus forcément tables et chaises mais s’adapte à la pédagogie du moment avec plus de coussins, des bancs… Tout est « en mouvement » !

Cette dynamique demande de travailler sur les relations entre apprenants, l’autonomie de chacun d’entre eux, l’attention qu’on peut porter à l’autre et une nécessaire présence (écoute attentive, ouverture d’esprit, adaptation…).